par Fiolsvinn » 19/01/14 21:12
Je venais de me réveiller, et avais décidé d'aller à la bibliothèque pour me détendre. Les livres, l'odeur de vieux papier et de bois, l'impression d'infini et de plénitude studieuse qui m'envahit à chaque fois que je passe le pas de cette salle... Tout ce dont j'avais besoin pour oublier les mois qui ont précédé, clamer la tempête qui faisait rage sous mon crâne, la tempête d'informations, de sentiments, de douleurs, d'humiliations, de rébellion aussi, qui menaçait de m'engloutir à tout instant... Je n'avais croisé personne pour me forcer à remplir des rapports avant de me ressourcer. Mais je n'eus,une fois parvenu à la bibliothèque, guère le temps de me plonger dans le moindre ouvrage. Je vis Tulric, mon amide toujours, presser de questions un pauvre écuyer, dont le nom ne me revenait plus mais à qui j'avais prodigué des cours de magie pour me faire un peu d'argent, Et se résoudre à partir chercher le roi. Je fonçai directement en direction de la cour. Il allait sûrement passer chercher une arme, et ma démarche était encore quelque peu laborieuse. Je devais absolument le rattraper, si je ne voulais pas qu'il fourre le museau dans une aventure périlleuse sur un coup de tête. Il m'avait sauvé, je pouvais bien faire ça! En arrivant dans la cour, j'eus l'agréable surprise de voir Nidhógg, mon fier destrier, lustré et bien nourri, qui faisait la sieste au pied d'un arbre. Il leva la tête en me voyant arriver, et une lueur de joie passa dans ses yeux, et il accourut vers moi au galop, se frottant contre moi et me bousculant de la tête pour me dire à quel point il était heureux de me voir sauf. Je n'imagine pas à quel point il s'était inquiété lorsque je lui avais intimé de revenir au château avec mon matériel lorsque...
Un cri me fit sursauter.
- Tu devrais être à l'infirmerie! me réprimanda Tulric. Je ne t'ai pas sauvé pour que tu... tombes dans les escalier ou te fasse bousculer par une bestiole!
-Moi aussi, je suis content de voir que tu vas bien...
-Ce n'est pas moi qui ai disparu pendant des plombes sans donner de nouvelles parce que j'ai besoin d'une babysitter!
-Et ce n'est pas moi qui m'apprête à faire ce qui sera peut-être la connerie de ma vie parce que j'ai un courant d'air entre les deux oreilles!
Un sourire se dessina sur nos visages, et nous ne pûmes réprimer un éclat de rire.
-Ca faisait longtemps.
-Trop.
-Tu voulais me dire quoi?
-De ne pas y aller sur un coup de tête.
-Tu t'étais pas gêné...
-Très drôle. Là, je suis sérieux. Tu parles à peine de régicide, tu t'en rends sûrement compte...
-Si tu m'as espionné correctement, tu saurais aussi ce qu'il a fait aux satyres. Tu vas pas me dire que tu fais confiance à un mec de ce genre?
-Non. Non, je ne peux pas faire confiance à l'acteur d'un génocide. Pas plus qu'à ce prétendu satyre. D'où sort-il? Peut-on certifier qu'il n'en veut pas à Farder pour une autre raison, ou même que les informations qu'il a reçues ne sont pas erronées? Mieux encore, peut-on être vraiment sûr que c'est bel et bien un satyre? On en a cherché pendant longtemps, et je ne pense pas qu'ils étaient réputés pour jouer à cache-cache... Il faut d'abord tirer ça au clair, et interroger Farder. Certains de ses agissements ont tout de même contribué à sauver des milliers de vie, et même s'il a exterminé les satyres, quelles étaient ses raisons? Je ne dis pas qu'il faut lui chercher des excuses, mais je serais quand même curieux de savoir pourquoi on les aurait exterminés.
-Mouais. En attendant, tu devrais rester au château pour te reposer. Et tu pourrais aider aux recherches...
-Et puis quoi encore? T'as pas de monture, aux dernières nouvelles, sinon, je pense qu'elle serait venue. Et mon Nidhógg n'acceptera pas qu'un autre que moi tienne ses rênes. Et si tu veux rattraper Eähndil et compagnie, y aller à pieds ne serait pas avisé.
-T'as complété un rapport ou ton journal?
Je sortis deux livrets de sous ma chemise.
-J'ai même fait apporter le tien.
Tulric soupira profondément.
-N'oublie pas que c'est moi, le têtu de l'équipe, alors ne me prends pas mon rôle. Ennuis, nous voici! clama-t-il avant d'enfourcher mon lézard, derrière moi.