Je me réveille doucement à l'infirmerie aux côtés de Lalisse qui dort encore. Pour la première fois, la pièce est vide, aucune infirmière à l'horizon. Elles qui sont d'habitude si présentes. Je reste un moment immobile me repassant toute la course-poursuite avec l'Orque et revivant cette peur intense: la scène du scalpel, mon incapacité à faire quoi que ce soit de réfléchi, la douleur, rhaa cette douleur ! Puis, après quelques minutes, je tente de me redresser et de m'asseoir sur le bord du lit. Mais, à peine, ai-je élevé mon corps de plus de 45 degrés que ma douleur revient et je retombe violemment sur le lit avant de glisser et de tomber à terre en plein sur ma plaie qui heureusement ne se rouvre pas. @J'ai un très bon sens de l'équilibre. --'@ Le message de douleur qui martèle mon crâne m'arrache un gémissement, puis, après deux longues minutes disparaît. Lalisse n'a pas bougé une oreille, étonnement, elle dort encore et semble ne pas sentir la douleur.
**Quelle chance elle a...**
Je me traîne alors jusqu'au lit, en luttant contre la douleur assassine qui coupe ma respiration, et m'appuie contre celui-ci. Il me faut ensuite environ dix minutes pour que je reprenne mon souffle qui aime tant à se faire désirer. Vingt minutes ont passées quand une infirmière entre en trombe dans la salle. Elle ne me remarque pas tout de suite, mais au moment même où elle pose les yeux sur moi, elle laisse échapper un petit cri de surprise. Complètement paniquée, elle se précipite vers moi et me pose toutes les questions possibles et imaginables dans le milieu de la médecine en me tenant fermement les épaules. "Comment te sens-tu ? Combien de doigts vois-tu ? Est-ce que tu sens encore tes pieds ? As-tu faim ? As-tu soif ? Veux-tu un anti-douleur, un somnifère ? ..." Quand elle commence enfin à se calmer, je lui dis que ça va aller et je lui explique comment je me suis retrouvée assise sur le sol. Elle me raconte à son tour ce que tout le monde vient d'entendre : les menaces et la demande du Satyre. Elle m'explique que toutes les infirmières étaient en train de discuter dans la cour à propos de ce que vient de dire Saceau et qu'elles avaient déduis d'après leurs calculs que je ne me réveillerai pas avant demain. C'est pour ces raisons qu'il n'y avait personne quand je suis sortie de ma phase de sommeil. Elle me dit aussi que Lalisse dort encore, car ayant un corps beaucoup plus petit que moi, elle résiste moins bien à la douleur et également que c'est Torgac qui m'a porté jusqu'à l'infirmerie ce qui me fait un peu sourire.
**Un cratère de vide a du se former autour de lui quand il est arrivé. Les infirmières devaient être terrorisées.**
Après un certain temps, deux autres infirmières reviennent , et elles se rassemblent toutes trois autour de moi pour me remettre sur le lit, au prix d'un énorme effort de ma part pour ne pas succomber à la douleur. Une des infirmière vient vers moi, me donne un anti-douleur et ressort de la pièce ; sûrement pour aller chercher ses autres collègues qui sont toujours dans la cour. Lorsqu'elles reviennent, l'infirmerie reprends son ambiance habituelle, agitée, mais silencieuse. Lalisse se réveille près de quatres heures après moi, complètement épuisée. Pour une fois, elle n'a pas cette assurance qui fait d'elle un être insupportable. Je lui explique, toujours allongée sur le lit à serrer les dents, ce que l'infirmière m'a dit tout à l'heure. Aucune remarque désobligeante, aucun sarcasme, je crois bien que ma petite Lalisse a très mal vécu cette course-poursuite.
#Les infirmières m'ont dit que je devais rester au moins une semaine au cas où la plaie se rouvrirait.#
/C'est mieux, tu as besoin de repos Lohvina./
Je sais que quand Lalisse dit mon nom à la fin d'une phrase, c'est qu'elle est la personne la plus inquiète de l'univers.
#Oui, mais je m'en veux de ne pas pouvoir aider Torgac, au moins pour ranger son laboratoire.#
Aucune réponse.
#Viens là.#
Mon Dinajade viens se poser contre ma tête et nous restons comme ça sept ou huit minutes avant de s'endormir toutes les deux.